Coronavirus en Afrique : le pire viendra-t-il d’ailleurs ?

Découvert dans la ville de Wuhan, province de Hubei en Chine, le nouveau coronavirus SARS-COV 2 met à rude épreuve le monde entier et notamment les grandes économies du monde. Vu la forte létalité et la rapidité de la propagation du virus à travers différents pays du monde, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le COVID-19 (maladie causée par le coronavirus) comme étant une pandémie le 11 mars 2020. Cette pandémie qui demeure la première depuis la deuxième guerre mondiale, continue sa propagation dans le monde et dans les différents pays déjà touchés.

Situation et mesures de ripostes

A la date du 02 Mai 2020 à 01h00 (GMT+1), 3 267 184 cas confirmés avec 229 971 décès ont été officiellementreporté sur le site de l’organisation mondiale de la santé. A cette même date, l’Afrique a enregistré 27 973 cas confirmés soit 0,86% du nombre de cas confirmé dans le monde. De plus, au regard des dates de l’annonce des premiers cas et de l’évolution des contaminations les semaines suivantes, il apparaît que le virus s’est très vite propagé dans les pays développés comme la chine, la France, l’Espagne, la Grande Bretagne, les Etats-Unis que dans les pays Africains.

Pour contenir et mettre rapidement fin à cette pandémie, de nombreux pays développés ont mis en place des mesures drastiques allant du confinement partiel au confinement total. En Mars, de nombreux pays ont adopté le confinement total, Wuhan (Chine) depuis le 23 Janvier, l’Italie (10 mars), l’Espagne (14 mars), le Liban (15 mars), la République tchèque (16 mars), la France, Israël et le Venezuela (17 mars), et la Belgique (18 mars), etc. Selon le site Lemonde, plus de 3,9 milliard de personnes sont confinés (ou appelés à rester chez eux) dans le monde soit 56% de la population mondiale. Ces mesures ont significativement affecté les activités économiques non seulement dans les pays confinés mais aussi dans les autres pays du fait des interactions entre les différents pays notamment sur le plan commercial. De plus, ce confinement inhabituel a aussi engendré d’autres problèmes sociaux tels que la flambée des violences conjugales et la hausse des demandes de divorce.

En Afrique, les mesures de ripostes adoptées sont moins drastiques que dans les pays développés. La grande majorité des pays ont suspendu les vols, fermé des écoles ainsi que les frontières, ont interdit les grands rassemblements et mis en place des couvre feux, des mises en quarantaine systématique de passagers entrant sur leurs territoires ainsi que des cordons sanitaires autour des épicentres de la pandémie. Cependant, certains pays ont adopté le confinement soit des villes ou de certaines parties du pays. C’est le cas par exemple du Maroc (20 Mars), du Rwanda (22 Mars), du Nigeria qui a confiné le Lagos et Abuja (30 Mars), le Zimbabwé (30 Mars), etc.

Un scenario atroce pour l’Afrique ?

Paradoxalement, alors que les morts se comptent en termes de dizaine de milliers dans les pays développés et se comptent au bout des doigts dans les pays Africains depuis le premier cas annoncé, des voix se sont levés sur l’échiquier international pour prédire un scénario apocalyptique pour l’Afrique. Le 18 Mars, le Directeur Général de l’OMS a appelé l’Afrique à se préparer au pire. Le 27 Mars 2020, le Secrétaire Général de l’ONU dans un entretien accordé à France 24 et RFI, a prédit des millions de morts en Afrique en ces termes « Et même si la population est plus jeune que dans les pays développés, il y aura nécessairement des millions de morts ». Ces déclarations se basent généralement sur la mauvaise qualité et l’insuffisance des infrastructures sanitaires ainsi que des ressources humaines disponibles d’une part et de la faiblesse des économies des pays Africains d’autre part. Depuis l’annonce du premier cas en Afrique notamment par l’Egypte le 14 février 2020, le scénario macabre prédit pour l’Afrique n’est toujours pas encore arrivé. Cependant, on note une progression de la maladie mais aussi des guérisons. Même si de nombreuses voies s’élèvent sur le continent pour marteler que le pire n’arrivera pas en Afrique du fait de la contamination des populations, cela pourrait arriver par un autre chemin. En effet, le covid-19 risque d’aggraver l’extrême pauvreté, la faim et l’insécurité alimentaire sur le continent. De dizaines de milliers de personnes pourraient mourir de la faim.

Impact sur la sécurité alimentaire

Selon la FAO, la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. En 2018, quelques 820 million de personnes dans le monde souffraient de la faim soit une personne sur neuf. Avant l’apparition du covid-19 et ceci depuis 2015, le nombre de personnes souffrant de faim était en constant augmentation de 785,4 millions de personnes (10,6% de la population mondiale) en 2015 à 821,6 million (10,8% de la population mondiale) en 2018. Ces nombres cachent des disparités énormes entre les régions. En Afrique, la prévalence de la malnutrition est encore plus exacerbée avec un taux de 18.3% en 2015 contre 19.9% en 2018, l’Afrique de l’Est étant la région du monde avec le plus fort taux qui est 30.8% en 2018 contre 29.9% en 2015. Avec la propagation rapide du virus et les mesures drastiques mises en œuvre par les différents gouvernements, le nombre de personnes souffrant risque de connaitre une rapide augmentation notamment en Afrique au Sud du Sahara. Ceci rend encore plus difficile la réalisation des Objectifs de Développement Durable 1 (Pas de pauvreté) et 2 (Zéro faim) à l’horizon de 2030 alors même que l’atteinte de ces objectifs représentait déjà un défi majeur. Les mesures prises agiront directement sur le revenu des citoyens, l’offre locale et internationale des produits alimentaires, les prix, l’accessibilité physique des produits et dans une relative mesure la demande.

Revenu

Le revenu est le premier indicateur affecté par les mises de ripostes mises en œuvre.
Du point de vue macroéconomique, le tissu économique de tous les pays et les régions du monde a été touché par le covid-19 à travers la contraction de l’économie. En effet, la plupart des pays et régions ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour l’année 2020. Selon les estimations de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), la croissance du produit intérieur brut (PIB) du continent passerait de 3,2% à 1,8 % en 2020 soit une contraction de 1,4 points. La banque mondiale dans un rapport publié en Avril 2020, estime que la récession en Afrique pourrait être comprise entre 2,1% et 5,1%. Cette récession est la première dans la région depuis 25 ans selon la banque. Ces chiffres montrent l’ampleur des effets dévastateurs de la pandémie sur le continent.

Sur le plan microéconomique, les ménages ont besoin de revenu leur permettant d’acquérir les aliments dont ils ont besoin pour assurer leur sécurité alimentaire. Ce revenu est acquis à travers les différentes activités économiques. En cette période de pandémie, le revenu de millions de personnes et ménage a été directement affecté du fait de l’arrêt des activités économiques, de la perte des emplois, des congés non payés ou de l’inexistence de demande. En effet, dans une économie fortement informelle et dominée par des micro entreprises individuelles où des millions de personnes vivent quotidiennement des revenus du jour précèdent, toute cessation d’activité aura des conséquences dramatiques sur les capacités des agents économiques notamment les ménages à assurer leur sécurité alimentaire. De même, ceux qui ont continué par exercer leurs activités économiques connaissent aussi une diminution notoire de leurs revenus du fait de la mévente, de l’absence de clients dans les ateliers, etc. Le secteur touristique reste l’un des secteurs les plus touchés du point de vue économique. Même si quelques individus ont saisi les opportunités qu’offre la pandémie comme la confection de masque et de dispositif de lavage de main dans de nombreux pays en vue d’améliorer leurs revenus, la grande majorité de la population active a vu son revenu baissé alors même que les prix des biens augmentent du fait de la faiblesse de l’offre. Cette baisse de revenu pourrait entrainer une baisse de demande mais pour les produits alimentaires la baisse de la demande ne sera pas significative.

L’offre et les prix

En Afrique, l’offre alimentaire risque d’être sérieusement affectée du fait de l’impact des mesures de ripostes sur la production nationale mais aussi sur les importations. En effet, au plan national, les mesures de quarantaine, de cordon sanitaires et de confinement risquent d’affecter la disponibilité de main d’œuvre agricole et donc le prix et le transport des inputs de production ce qui amènera les producteurs à réduire les superficies emblavées. D’un autre côté, l’acheminement des produits vers les centres de consommation pourrait prendre plus de temps ce qui augmentera les coûts de transactions mais pourrait aussi accélérer la détérioration de certains produits notamment les produits périssables. La fermeture des frontières par de nombreux pays et régions telles que l’union européenne pourrait avoir un impact dramatique sur l’approvisionnement en intrants si les pays ne s’étaient pas encore approvisionnés en intrants nécessaire pour couvrir la campagne agricole 2020-2021. L’agriculture étant majoritaires conventionnelle dans les pays Africains, le manque des engrais, herbicides et autres aura des conséquences nuisibles pour les rendements et donc la production. Dans un rapport publié le 09 Avril 2020, la banque estime la contraction de la production agricole entre 2%  et 7% en Afrique. Selon un rapport de la banque mondiale, De plus, les difficultés en approvisionnement de matières premières et ou consommations intermédiaires pour les industries agroalimentaires induira une diminution significative de la production au niveau du secteur secondaire. Tout ceci aura pour conséquence de réduire la production nationale ce qui créera une flambée des prix des produits alimentaires sur les marchés si les produits importés n’arrivent pas à combler le déficit. Ceci sera difficile car il y a une forte probabilité que les importations en volume connaissent également une diminution significative.

En effet, les grands pays exportateurs des différentes denrées alimentaires risquent d’être impacté de la même manière que décrit ci-dessus. Par conséquent, ces pays limiteront significativement leurs exportations en vue de renforcer leurs stocks de sécurité d’aliments. Ceci aura pour conséquence directe une réduction drastique de l’offre sur le marché international et par ricochet une flambée et une volatilité des prix comme observé lors de la crise de 2007-2008. Par exemple, la Russie, premier exportateur mondial de blé a d’abord défini un volume à ne pas dépasser pour les exportations et a ensuite suspendue les exportations de céréales tels que le blé, le seigle, l’orge et le maïs jusqu’au 1er Juillet 2020. La chine quant à elle, a fait des réserves de farine pour au moins une année et continue d’en acheter selon le journal Le Temps. Il est fort probable que les politiques de limitations des exportations s’amplifient de même que les mesures protectionnistes.  Comme l’a dit Pascal Lamy, ancien directeur de l’organisation mondiale du commerce (OMC), le Covid-19 accélérera le passage du protectionnisme au « précautionnisme ». Il en sera ainsi car les pays exportateurs prendront leurs précautions pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations d’abord. Si les mesures d’interdictions des exportations or autres mesures tarifaires venaient à se multiplier dans le monde, l’offre mondiale risque d’être réduite de façon significative. Les différents pays dépendant fortement des importations pour les produits de base comme le riz pour la plupart des pays africains, les conséquences ne seront pas seulement économiques, nutritionnelles mais aussi sociales et politiques. Même si les pays parvenaient à s’approvisionner sur le marché international, un autre facteur pourrait toujours affecté l’offre. En effet, si les mesures de ripostes prises ont des effets importants sur les systèmes logistiques notamment le temps d’attente dans les ports ou aux frontières, ceci aura également un effet négatif sur l’approvisionnement. Un autre élément à prendre en compte ici pour la sécurité nutritionnelle est que plus les bateaux passent de temps dans les ports plus le risque d’avoir des produits très peu consommables est grand.

Ceci reste inquiétant quand on sait que l’Afrique dépend encore fortement des importations pour satisfaire ces besoins alimentaires. Par exemple, le continent importe environ 40% du riz consommé, approximativement le même taux pour les poissons. Selon le CNUCED, les pays à faible revenu consacrent 37% de leurs recettes exportations de marchandises aux importations alimentaires ce qui les rend très vulnérables aux chocs extérieurs notamment sur le marché international. La dépendance aux importations risque d’être encore plus forte dans les années à venir. En effet, dans leurs rapports sur les perspectives agricoles pour la période 2017-2026 dans le monde, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoient une très forte dépendance aux importations en matière de produits agricoles.

La nécessité d’éviter le pire

Dans le contexte de la pandémie, l’Afrique est doublement menacée, d’abord par la maladie elle-même mais aussi par ses conséquences sur la pauvreté et la sécurité alimentaire. Chaque pays africain a la responsabilité de protéger sa population contre les contaminations et les morts liés au covid-19 mais aussi d’éviter que cette dernière sombre dans la pauvreté et la faim qui pourrait tuer des dizaines de milliers de personnes. Le pire ne pourra être évité que si chaque état ainsi que les unions régionales prennent les mesures de ripostes et d’accompagnement nécessaires et adéquat à chaque contexte.

Concernant les mesures de ripostes contre la maladie, chaque pays devrait adopter des mesures de ripostes ciblées tenant compte de la structuration de son économie. Cependant, tous les pays devraient mener des campagnes de sensibilisation prolongées dans toutes les langues locales à travers les médias, les radios communautaires, les crieurs publics, les leaders d’opinion, les responsables religieux et traditionnels, etc. Ces campagnes qui doivent porter sur la maladie, les gestes barrières et autres mesures de ripostes doivent être fait en utilisant toutes les alternatives possibles. Il est important que les campagnes de sensibilisation ne traumatisent pas les populations de sorte à créer de la peur en elles. Ceci pourrait empêcher des compatriotes atteints d’appeler les secours pour prise en charge car percevant cela comme un chemin vers la tombe. En plus, toutes sortes de mesures d’accompagnement doivent être prises en vue de faciliter l’accès aux masques, aux dispositifs de lavage des mains notamment dans les villes secondaires et dans les zones rurales. En ce qui concerne les mesures de nature à empêcher les déplacements des populations, les pays doivent opter pour des approches n’empêchant pas totalement les populations de vaquer à leurs occupations. L’adoption du confinement si cela s’avérait indispensable, doit être fait avec beaucoup de précaution car son efficacité reste sujette à débat même si certains pays l’ont déjà appliqué. De plus, il doit être fait à la bonne période afin d’e maximiser son efficacité et dans un délai raisonnable pour ne pas induire un étouffement total de l’économie. Par contre, les fermetures ciblées de certaines activités de masse peuvent être faites et les épicentres de la pandémie isolés du reste du pays par le biais des cordons sanitaires. De plus, les mises en quarantaine systématiques doivent continuer par être appliqué non seulement pour ceux qui rentrent dans les pays par voie aérienne mais aussi par voie terrestre des personnes à risques voyant par voie terrestre. En dehors de ces mesures, il est important que les gouvernements renforcent et les infrastructures sanitaires dans toutes les régions afin d’avoir des centres de prise en charge adaptés dans chaque région ou département.

Même si la plupart des gouvernements n’ont pas assez de moyens pour mettre en place de vastes plan de relance économique, des actions ciblées de soutien aux différents secteurs de l’économie pourrait être appliqué. Ainsi, les gouvernements pourraient mettre en place des mesures d’accompagnement des micros, petites et moyennes entreprises les plus touchées par les mesures de riposte contre le covid-19. L’Etat pourrait ainsi venir en aide aux entreprises avec l’équivalent monétaire de la consommation en énergie et eau pour la durée de la suspension des activités. Une extension de paiement de certaines taxes et impôts pourrait être accordé aux entreprises les plus touchées. D’un autre côté, les gouvernements doivent accroître les investissements en vue de relancer l’économie. Par ailleurs, la libre circulation entre les biens et les personnes et le respect des accords commerciaux régionaux devront être une réalité afin de favoriser le redémarrage des activités économiques. Une meilleure coordination au niveau régional et continental des mesures est également nécessaire.

Pour mieux assurer la sécurité alimentaire des populations, les gouvernements au niveau national et régional devraient dans l’urgence constituer des stocks de sécurité à la hauteur du défi. Certaines exonérations ciblées peuvent être accordées sur certains produits de grande consommation comme le riz, le blé en vue d’éviter la flambée des prix sur les marchés nationaux. Pour accroître le pouvoir d’achat des ménages et leur permettre de s’approvisionner en produits alimentaires, les gouvernements pourraient supporter pourrait supporter 50-100% des factures d’électricité et d’eau couvrant la période de la pandémie. En ce qui concerne la production agricole, les Etats doivent faire de leurs mieux pour s’approvisionner en intrants nécessaires. De plus, une priorité devrait être accordé aux produits vivriers car dans un contexte de crise comme celui-ci, il est impérieux d’assurer d’abord l’alimentation des populations. Les politiques de distribution alimentaires sont à saluer mais cela devrait se faire de sorte à ne pas favoriser les regroupements.

Bien que la pandémie actuelle suscite de grands défis aux différents, il n’en demeure pas moins que ces moments de crise doivent être une occasion pour les gouvernants et tous les acteurs de repenser à renforcer les capacités locales de sorte à réduire la dépendance vis-à-vis de du reste du monde.

Quelques liens

https://covid19.who.int/

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-chine-fin-du-confinement-wuhan-des-centaines-de-passagers-la-gare-6802522

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/30/hausse-des-violences-conjugales-pendant-le-confinement_6034897_3224.html

https://www.jeuneafrique.com/896745/societe/coronavirus-un-premier-cas-en-afrique-selon-le-ministere-egyptien-de-la-sante/

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/09/pascal-lamy-le-covid-19-va-accelerer-le-passage-du-protectionnisme-au-precautionnisme_6036080_3234.html

Le Coronavirus pourrait provoquer une pénurie alimentaire mondiale, alertent les experts

https://afrique.latribune.fr/entreprises/agriculture/2017-07-10/alimentation-l-afrique-plus-que-jamais-dependante-des-importations-previennent-la-fao-et-l-ocde-743455.html

http://www.rfi.fr/fr/g%C3%A9n%C3%A9ral/20200327-entretien-exclusif-coronavirus-secr%C3%A9taire-g%C3%A9n%C3%A9ral-ONU

https://www.dw.com/fr/covid-19-la-banque-mondiale-pr%C3%A9voit-une-r%C3%A9cession-en-afrique-en-2020/a-53081909